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Retour17 avril 2025
Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca
Sébastien Lemire : « Mark Carney se cache énormément »
Élections fédérales

©Gracieuseté.
Le candidat bloquiste de la circonscription d’Abitibi-Témiscamingue, Sébastien Lemire.
Le candidat bloquiste de la circonscription d’Abitibi-Témiscamingue, Sébastien Lemire, brigue un troisième mandat. Le Rouynorandien a la dent dure contre les Libéraux et vante son bilan et son action auprès de ses concitoyens tout en se projetant au-delà du 28 avril avec confiance et précaution.
C’est la dernière ligne droite électorale. La campagne n’a-t-elle pas été trop courte ?
Elle a été courte, mais elle a été déclenchée par les Libéraux, et puis ils n'étaient pas prêts. De nulle part. Je le constate.
Puis, ils ont parachuté beaucoup de gens dans les circonscriptions. Ils auraient pu décider de revenir après la prolongation. Le problème, c'est que Mark Carney n'était pas élu. Mais à la base, il n'y aurait jamais dû y avoir de prolongation.
Ça reste quand même un geste anti-démocratique, une prolongation. Fermer un parlement en démocratie, c'est un geste très violent et dans un seul but de faire une course à la chefferie, de ne plus répondre aux questions de l’opposition. Puis, de ne plus avoir de rapports de la Vérificatrice générale, parce que Dieu sait qu'il y en a qui sont déjà prêts.
Ces rapports vont être très accablants pour les Libéraux. On se rappelle qu'il y avait un déficit monstre qui avait été annoncé par Chrystia Freeland au moment de sa démission. Tout cela, semble-t-il, n’existe plus pour les Libéraux.
Vous briguez un 3ᵉ mandat (après 2019 et 2021). Quelles sont les réalisations dont vous êtes le plus fier et quels sont vos dossiers prioritaires en cas de victoire le 28 avril ?
Mon mandat parle de lui-même, je pense, dans la mesure où j’ai été très présent pour la population locale. La première mesure qu’on se rappelle beaucoup s’est produite lors des rapatriements, parce que j'ai été en contact avec plus de 300 citoyens. C’était dans le contexte de la COVID, pour favoriser un retour sécuritaire en région ou au pays. Ensuite, on a été très actifs sur l'accès Internet à haute vitesse, la pénurie de main-d’œuvre, les minéraux critiques et stratégiques.
Mais également au niveau de l'agriculture, sur les infrastructures, les circuits courts, etc. Quant à ma responsabilité sur les relations avec les autochtones, ça a été d'amener un dialogue dans lequel il y a une voix des Premières nations qui est nommée à Ottawa.
Il y a eu aussi l'enjeu de Hockey Canada et de Soccer Canada et le sport en général qui est malade. Durant deux ans, on a poussé pour une réforme en profondeur qui a quand même porté ses fruits. Les fédérations nationales n’ont pas été capables de protéger des victimes d'abus sexuel, financier, psychologique et physique.
On est pris depuis 15 ans avec la pénurie de logements également. Mais ces enjeux, depuis cinq ans, sont désormais nommés à la Chambre des communes et les solutions commencent à apparaître dans le dernier budget, mais c'est encore très timide. Les Libéraux avaient 10 ans pour agir, mais ils ne l'ont pas fait.
Vous êtes crédité (en date du 16 avril) de 42 % de projection de vote. C’est inférieur à votre score de 2021. Il reste deux semaines de campagne, pensez-vous atteindre à nouveau la barre des 50 % ?
Ces projections dépendent d’algorithmes, j’y crois peu, car peu de gens de l’Abitibi-Témiscamingue sont rejoints dans ces sites-là. L'algorithme prend en compte des éléments dont il ne tenait pas compte avant et cela désavantage le Bloc québécois.
Dans cette campagne, d’aucuns ont trouvé en Mark Carney une réponse un peu magique face à Donald Trump. La balloune de Trump s'est beaucoup dégonflée parce qu'il a beaucoup reculé.
Les gens éprouvent le besoin d'être nommés comme Québécois, mais les Libéraux ne considèrent que le pétrole de l'Ouest, l’Ontario, mais pas la réalité de l’Abitibi-Témiscamingue, la forêt tout particulièrement. Ça fait 40 ans qu'on vit la crise du bois d’œuvre, que ce soit avec les Libéraux au pouvoir ou avec les Conservateurs. Il n'y a pas eu d'action de ce côté-là.
La gestion de l'offre n'a pas été protégée à cause du laxisme des Libéraux occupés à convaincre ses propres sénateurs qui l'ont fait niaiser au Sénat pendant un an et demi avant qu'elle meure au feuilleton. Ces éléments-là parlent énormément aux gens. Moi, j'ai été un député de terrain actif pour les gens !
Votre circonscription est un bastion bloquiste depuis 2019, a contrario de la circonscription de Sylvie Bérubé. Comment l’expliquez-vous ?
C'est maladroit de penser qu'une région éloignée comme la nôtre va être pertinente dans des sondages reposant sur des algorithmes, car les gens d’ici ou dans la région du Nord-du-Québec ne sont pas sondés par les firmes de sondage.
Penser qu'il y a un momentum qui s'applique à cause d'algorithmes, c'est une mauvaise façon de percevoir la réalité de nos terrains. Cela dit, dans ma campagne, le terrain est bon et réceptif.
Quelles sont les solutions préconisées par le Bloc québécois dans la guerre tarifaire USA/Canada ?
D’abord, le plus important, c’est amener la transformation sur place, particulièrement dans les ressources naturelles à proximité de la mine ; à proximité des agriculteurs. Ce n'est pas normal que nos animaux fassent 800 km pour se faire abattre dans le coin de Pittsburgh. Est-ce qu'on peut avoir ces abattoirs en région ?
Idem pour l’industrie forestière. La transformation à proximité, SVP, est-ce possible ? C’est cela que je prône. Le bois va se rendre à Toronto, à Montréal avant de revenir chez nous. Et ça a un coût supplémentaire à payer. L’impact, c’est que la construction coûte 30 % plus cher ici.
Toutefois, cette guerre tarifaire est beaucoup moins forte en Abitibi-Témiscamingue qu'ailleurs, parce qu'on a la valeur refuge de l'or. Les mines, ça va bien chez nous !
L’on peut s’étonner de voir les Libéraux si hauts dans les projections malgré l’usure du pouvoir de ces 10 dernières années. Qu’en pensez-vous ?
Effectivement, je me fais la même observation, mais c’est basé sur un sentiment de peur et les Libéraux jouent beaucoup là-dessus en instrumentalisant Donald Trump qui, lui-même, instrumentalise aussi les Libéraux.
Si Trump veut avoir Mark Carney au pouvoir, je me pose des questions sur les conséquences de porter les Libéraux à nouveau au pouvoir ! Mark Carney se cache énormément, comme beaucoup de ses candidats, dans cette campagne électorale. Je pense que le mandat de M. Carney sera très court.
Concernant le déficit et d’autres sujets, on aurait dû faire un bilan plus sévère des années Trudeau et du Parti libéral parce que les gens qui entourent Carney sont les mêmes qui étaient avec Justin Trudeau. Les citoyens ont la mémoire courte dans certains cas…
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